Claude Viseux (1927-2009)
Peintre et sculpteur français né le 3 juillet 1927 à Champagne-sur-Oise. Il fut élève de l’Ecole des Beaux Arts de Paris, en architecture, de 46 à 49. En 51, il rencontra Jean Prouvé, avec lequel il travaillera en 56 à la conception d’une habitation mobile. 52 est l’année de ses rencontres avec le sculpteur Brancusi et Fernand Léger.
« A l’origine de son travail, l’univers marin, présence récurrente où interviennent la mer, le sable, le plancton, le soleil, le cosmos. Des taches sombres, dispersées faites de tentacules et d’algues naissent des hasards d’une matière couleur qui se veut à la fois signes ouverts sur nos rêves non formulés. » (in L’Ecole de Paris, par L Harambourg)
Il peignit alors des séries très personnelles et fantomatiques intitulées Fabrication cosmique, Métamorphose,…
En tant que peintre, Viseux se situa d’emblée dans la mouvance de l’abstraction, adoptant en effet un langage non figuratif constitué de formes, signes et autres symboles cosmiques ou zodiacaux. Il peint aussi dans les années 55-58, quelques toiles plus lyriques et gestuelles, accompagnées d’une forte densité de matière. Viseux expose à Anvers, en 57 avec les artistes Bernard Réquichot et Claude Georges, des toiles matiéristes. Ses œuvres de la fin des années 50 sont entre autres titrées : Faciès (en 59), Pétrifications (série de 60 exposée Gal Cordier)
Il a donné lui-même une idée global de sa peinture : « une sorte de paysage portrait, semblable à une foule où chacun crie le plus fort à sa manière, un paroxysme d’infini aveuglant celui qui a cru y voir clair. »
A partir de 58, Viseux commence à s’intéresser plus franchement à la sculpture, abandonnant dès lors presque totalement la peinture, hormis quelques séries de planches gouachées.
Il aborda la sculpture par une démarche d’appropriation de la matière brute, préfigurant l’esprit des « expansions » de César ; ses Concrétudes étaient obtenues à partir de coulées de métal en fusion à même le sol.
Après une courte période d’assemblage de produits naturels (algues, os, bois de flottage), puis artificiels (plastique, aluminium), sa sculpture n’a pratiquement plus cessé de prendre pour point de départ et pour matériau les produits de l’industrie, qui seront détournés de leur sens par son intervention, les faisant participer par mimétisme des règnes minéral, végétal ou animal. Il fiche ses premières Structures actives sur des tiges oscillantes.
Installe ses œuvres en 62, au Musée des Arts Décoratifs de Paris à l’occasion de l’exposition historique sur L’objet, autour du critique François Metthey et des nouveaux réalistes. Il travaille alors à des structures monumentales.
A propos de ses premières sculptures en acier, vers 64-65 : « Etres toujours errants. Métamorphoses complexes : Les Sacculines en quête de jeunes crabes à la carapace tendre, les percent de leur aiguillon et s’injectent dans le corps de leur hôte pour y passer leur vie. »
Dans ses grandes œuvres de 68-69, partant toujours de productions industrielles, il ne les modifie plus que par quelque travail de fusion, de compression ou de torsion, les détourne de leur destination par le seul fait de les assembler en des accumulations qui de nouveau évoquent les processus de reproductions des végétaux.
Viseux participa à la fin des années 70 à l’Atelier A, créé par François Arnal. Ce collectif d’artistes de tous horizons avait principalement pour vocation de donner à l’œuvre d’art une qualité fonctionnelle, accessible pour tous, mais néanmoins non dépourvue de valeur esthétique et novatrice.
Claude Viseux marque son empreinte sur ces supports manufacturés en acier inoxydable, au travers de nombreuses séries : Machines improbables, Cryptogames, Cryptophiles, Voyants, Eugléniens. L’artiste présente son travail : « Mes sculptures sont une suite d’expériences imaginaires, une seule exigence les dirige : elles doivent contredire le préexistant et en signifier des notions d’extension ou de restriction afin d’être pour elles mêmes des événements de création autonome, nécessaires à nos curiosités mentales. »
Dans la revue Chroniques de l’Art Vivant, un article anonyme qualifie le travail de Viseux comme étant un déplacement du réel vers le fantastique, recréant un langage au vocable insolite, articulant les structures d’un monde nouveau peuplé d’anthropoïdes, où la logique de l’imaginaire impose un autre ordre. »
Principales expositions personnelles :
- Galerie La Gentilhommière en 1953
- Galerie 52 Galerie Vibaud
- Bruxelles 54 et 58 (Palais des Beaux Arts)
- Galerie Drouin 55 (texte de H. Damisch)
- Galerie Daniel Cordier, Paris en 56 et 60
- Galerie Léo Castelli, New York 57
- Centre Nat d’Art Contemporain, Paris 69
- Abbaye de Beaulieu, 1991
Principales expositions collectives :
- Multiples Salons Parisiens : Réalités Nouvelles de 53 à 66
- Phases 57 à 61, Comparaisons depuis 56
- Galerie Charpentier en 60 et 63
- Salon de la jeune sculpture de 60 à 70
- Biennale de Venise 72
- 1er prix à la Triennale de New Dehli en 86
- Et nombreuses expos à l’étranger : New York, Otterlo, Mexico, Tel Aviv, Tokyo, Alger, Pittsburg, Madrid, …
Commandes publiques
-Relief mural à Berlin, en 57 ; Céramique à Saint Cloud en 58 et fresque à l’aéroport d’Orly en 60, Sculptures en métal pour les villes de Cambrai, La Châtre, Mont de Marsan, Grenoble de 67 à 77 ; Scénographie pour la Salomé de Strauss et de la compagnie du Ballet-Théâtre contemporain en 68.
Bibliographie
- Dictionnaire des peintres abstraits, Michel Seuphor, Ed Hazan, 1957
- La peinture abstraite, Jean Clarence Lambert, Ed Rencontre, tome 23, Lausanne, 1966
- Viseux, catalogue expo au Centre National d’Art Contemporain, Paris, 1969
- La sculpture moderne, par Raoul Jean Moulin, Ed Hazan, 1970
- Catalogue Biennale de Venise, Texte de R J Moulin, 1972
- Monographie Viseux, Ed Prismes, 1975
- L’Art Moderne à Marseille, expo de la collection du Musée Cantini, 1988
- L’Ecole de Paris, 1945-65, Lydia Harambourg, Ed Ides et Calendes, 1993
- Dictionnaire des peintres, dessinateurs, graveurs et sculpteurs Bénézit, Ed Gründ, 1999
Musées
Alger, Anvers, Beaulieu en Rouergue, Bruxelles, Dunkerque, Marseille, Mexico, Miami, Paris (MNAM, CNAC et MAM de la ville), Saint Paul de Vence (Fondation Maeght), Varsovie.