Ida Karskaya (1905-1990)
Ida Karskaya nait en 1905 à Bender (Russie, province de Bessarabie, aujourd’hui République de Moldavie). En 1922, elle quitte son pays pour faire des études de médecine, et séjourne un an à Gand en Belgique, se fixe ensuite définitivement en France et se marie en 1930 avec Serge Karsky, peintre.
Elle commence elle-même à peindre quelques années avant la guerre et fait la connaissance de Soutine qui l’encourage à continuer. Karskaya restera liée d’amitié avec Soutine jusqu’à sa mort.
En 1945, Jean Paulhan que Karskaya a rencontré avant la guerre, s’intéresse à son oeuvre et lui fait connaître Fautrier, Wols ainsi que des écrivains qui deviendront ses amis : Henri Calet, Francis Ponge, Maurice Nadeau, Marc Bernard.
Serge Karsky abandonne la peinture et se consacre au journalisme, d’abord au journal Combat, puis au Monde.
Au début des années 50, Karskaya commence à aborder le collage, s’initie à la tapisserie où très vite elle excelle. En 1955/56 débute la série des « lettres sans réponse » puis en vers 1959 la série « Les gris quotidiens ».
Articles
« Elle prend leur écorce à des arbres innocents : bouleaux, chênes, cytises, et la colle sur sa toile. Elle y colle aussi des feuilles mortes, des rognures de cuir, des esquilles de contre-plaqué. Elle préfère à la peinture visiblement ces petites ordures. »
« Karskaya est moins abstraite que rêveuse. Ses rêves rigoureux et stricts – l’on dirait des rêves de guerrier – ajoutent plusieurs signes à ceux que nous font déjà (comme chacun sait) les crevasses de plafond, les toiles d’araignée, le givre et la limaille. »
Jean Paulhan
« Brillante et volontiers baroque dans ses collages, Karskaya, ne saurait pourtant se suffire au pittoresque. Il lui faut retrouver, par ce mouvement naturel d’expansion, rétraction qui rythme les pulsions de la nature – et donc les nôtres – le noyau d’ombre qui vit en chacun de nous d’une vie souvent plus forte que celle des apparences. »
« Le gris demande une longue fréquentation et ne livre pas d’un seul coup ses secrets… Karskaya n’a cessé de respirer, d’évoluer, de vivre dans le gris : il est en quelque sorte son élément naturel. Avec un peu moins d’inattention peut-être découvrirons-nous qu’il est aussi le nôtre. »
Geneviève Bonnefoi
« La prestigieuse et preste manipulation de Karskaya qui efface toute idée de technique ou de procédé, suscite notre émerveillement, mais c’est à la communication de ses silencieuses confidences que notre joie grave répond et au seuil de son secret qu’elle demeure. »
Roger Van Gindertael
« Animaux-plantes en quête de formes glauques, pièges à tentacules et ventouses, grandes coulures mouvantes, plages au vide cruel, l’infra-monde qu’a massivement pétri Karskaya aspire nos cauchemars, déglutit nos imaginations.
Il faut l’approcher précautionneusement, un faux-pas, nous voici prisonniers de la terreur aux pattes humides. »
Maurice Nadeau
Principales expositions personnelles
- 1949 Galerie Breteau, Paris
- 1950 Galerie “Calligrammes”, Paris
- 1956 Fried Gallery à New York
- 1957 Galerie La Roue, Paris
- 1959 Galerie La Roue, Paris
- 1960 Galerie “Il grifo”, Turin
- 1962 Galerie Karl Flinker, Paris ; Galerie Parnass, Wuppertal
- 1963 Galerie Argos, Nantes
- 1965 Galerie La Roue, Paris
- 1972 Centre d’art contemporain de l’Abbaye de Beaulieu en Rouergue
- 1975 Galerie Françoise Tournié, Paris
- 1979 Galerie Arts Contemporains, Paris
- 1980 Rétrospective Karskaya à la Fondation Nationale des Arts Graphiques, Paris
- 1981 Galerie Praestegaarden, (Danemark) ; Galerie Limmer, Fribourg
- 1982 Galerie Françoise Tournié, Paris
- 1985 Galerie Praestegaarden, (Danemark)
- 1986 Galerie Limmer, Fribourg
- 1987 Galerie Rolf Ohse, Brême
- 1989 Galerie Philip, Paris
Principales expositions collectives
- 1954 Galerie Aujourd’hui, Palais des Beaux-Arts, Bruxelles
- 1956 Galerie Arnaud, Paris avec J. Coppel et J.F. Koenig
- 1957 « Analogies », Galerie Arnaud, Paris ; « 50 ans de peinture abstraite », Galerie Creuse, Paris
- 1959 « Itinéraire d’un jeune collectionneur », Galerie Kléber - Jean Fournier, Paris
- 1960 « Antagonismes », Musée des Arts Décoratifs, Paris
- 1962 « Le Relief II », Galerie XXème siècle, Paris
- 1964 « Cinquante ans de collages” Musée de Saint-Etienne et Musée des Arts Décoratifs, Paris
- 1967 « Jean Paulhan et ses environs », Galerie Krugier, Genève
- 1970 « Sept peintres, 1950-1970 », Maison de la Culture de Bourges
- 1973 « Abboud, Karskaya, Pierrakos », Galerie de Ark, Boxtel, Hollande
- 1974 « Jean Paulhan à travers ses peintres », Grand Palais, Paris ; « Ida Karskaya, Maria Manton, Vera Pagava », Villeneuve-sur-Lot
- 1976 « La Tapisserie Aujourd’hui », Musée Ingres, Montauban ; « Boîtes », A.R.C., Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris
- 1977 « Fiberworks », Musée de Cleveland ; « Tapisseries », Bibliothèque Forney, Paris
- 1979 « Vivante Tapisserie Française », Grand Palais, Paris ; « Regards vers l’Est », Galerie Françoise Tournié, Paris
- 1981 « Formes Rituelles », Château d’Ancy-le-Franc
- 1982 « Petits Formats », Galerie Becher, Wuppertal
- 1984 « La part des femmes dans l’art contemporain », Galerie Municipale de Vitry/Seine
- 1985 « Jean Paulhan », Maison de la Poésie, Paris
- 1989 « Le relief des années cinquante à nos jours », Abbaye de Beaulieu en Rouergue
Bibliographie (sélection)
- « Collages de Karskaya », XXème siècle, n° X, Roger van Gindertael, 1958
- « Karskaya », Aujourd’hui 28, Denys Chevalier, 1960
- « Karskaya », Abbaye de Beaulieu, Geneviève Bonnefoi, 1972
- « Karskaya ou le Jeu nécessaire », Geneviève Bonnefoi, XXème siècle, n° 39 1972
- « Karskaya », Dictionnaire des Art, Bordas, Pierre Cabanne, 1978
- « Karskaya », catalogue édité par la galerie Limmer, 1990
- « Karskaya », Françoise Monnin, Artension, février, 1992
- L’Ecole de Paris, Lydia Harambourg, Ides et Calendes 1993