Parvine Curie (née en 1936)
D’origine franco-Iranienne, Parvine Curie est née à Nancy en 1936. Son enfance à Troyes a été marquée par les tours, les colonnes et les votes qui jalonnent la ville. Sa jeunesse, bouleversée par de fréquents déplacements, s’ancre dans l’imaginaire de la littérature et des arts. Elle fait ses études â Bordeaux, passe son bac â Paris, où ses parents tiennent une pharmacie, entreprend des études linguistiques et part découvrir l’Angleterre, l’Autriche, l’Espagne et l’Italie. De caractère réservé mais ouvert, sa curiosité vive favorise des amitiés dans les milieux internationaux d’artistes et d’intellectuels. La découverte de l’art roman catalan l’incite, dès 1957, à partager son temps entre la France et l’Espagne.
1957 : Guide à Barcelone ; un grave accident change le cours de son destin. Inconsciente pendant douze heures, elle est retrouvée à quelques kilomètres du carambolage. Peu de temps après sa sortie d’hôpital, le photographe Barguès et sa femme l’introduisent dans le cercle des intellectuels et artistes catalans ; elle rencontre l’astrologue Jean Carteret, la danseuse gitane la Chunga, et le sculpteur Martel Marti.
1958 : Marti l’éveille à la peinture. Face à ses dons et capacités, Il lui déconseille la discipline académique C’est donc en autodidacte qu’elle se lance dans la carrière d’artiste. Une partie des dessins et peintures bleues de cette première période se trouve aujourd’hui dans son atelier et dans la collection de son frère, Gilles Curie.
1959 : à Paris elle épouse Marti. Dans son atelier de Barcelone, au dernier étage de la « Casa de les Punxes », construite par l’architecte Puig i Cadafalch, disciple de Gaudi, ses premières sculptures voient le jour.
1960 : la naissance de son fils David réactive ses réflexions sur la complexité des relations mère-enfant. Un aspect primitif caractérise ses statuettes, masques, maternités humaines ou animales en grès, qui sont figuratives, bien que la valeur emblématique l’emporte sur le réalisme. Finaliste du quatrième Salon de Mai à Barcelone, elle obtient une première exposition personnelle à l’Institut Français de Barcelone. Désormais, Parvine Curie rejoindra sa mère Françoise Curie, lors de ses séjours à Cadaquès l’été.
1961-62 : pour des masques, elle explore les possibilités de matériaux bruts et récupérés sur les plages. Parallèlement à la sculpture, elle confectionne des bijoux et des costumes et pénètre ainsi dans les défilés de mode, décore des bars, des restaurants.
1963 : la Galerie du Siècle à Paris et la Galerie Belarte à Barcelone exposent ses Jeux barbares.
1964 : une grande amitié la lie à la famille de l’architecte Jordi Gali ; Teresa Gali est marraine de son fils Davld, leur fille Beth Gali est aujourd’hui architecte de renommée internationale. Grâce à Jordi Gali, l’hôtel Capsa Sal sur la Costa Brava, achète pour sa décoration une centaine de ses dessins de personnages mythiques.
1965 : avec l’emploi du fer, du bronze, et d’aluminium découpé, son travail se stylise et se construit. La boutique de Mode « Gales » à Barcelone lui commande la décoration de ses vitrines pour Noël, Oiseaux fantastiques, Anges-sirènes.
Parvine Curie ne fait partie d’aucune école, elle ne s’est jamais soumise aux modes. Autodidacte, elle regrette parfois son manque de formation académique et son isolement artistique. Elle travaille lentement. La première étape dans la genèse d’une sculpture est un dessin quelle traduit en volumes grâce à l’argile. Parfois des accidents entrainent un jeu avec le hasard.
Généralement, l’oeuvre prend son autonomie par rapport au dessin. Quand la forme tient, elle est taillée en bois ou en pierre. D’inspiration intemporelle, l’art de Parvine Curie, comme celui des grands maîtres du siècle, participe d’une visée eschatologique. Sa quête spirituelle la conduit là où l’être, au plus profond de lui- même, se cristallise dans la Forme.
Elle se ressource auprès des civilisations disparues, à l’époque où mégalithes, apadanas perses, ziggourats babyloniennes, pyramides d’Égypte et du Mexique ou cathédrales du Moyen âge sacralisaient le monde. Elle cherche à dépasser et à concilier les dualismes, et propose d’intégrer le Sacré dans l’Art et l’Art dans la vie.
Greta Stroeh